Le gouvernement estonien envisage une interdiction générale de la publicité pour les jeux d’argent
Le nouveau gouvernement estonien (une coalition dite “centriste”) devrait adopter une législation qui ferait de la nation balte le prochain pays à appliquer une interdiction générale de la publicité pour les jeux d’argent.
La coalition n’a pas encore confirmé son programme politique, mais plusieurs sources d’information estoniennes ont rapporté qu’elle était favorable à une forme de restriction de la publicité pour les jeux d’argent, notamment pour aligner la législation de son pays sur de nombreuses autres nations européennes.
Lauri Läänemets (SDE) a réintégré le gouvernement estonien et repris le rôle de ministre de l’Intérieur. Il est à l’origine de cette initiative visant une interdiction générale de la publicité pour les jeux d’argent. Dans une interview accordée à l’EER, il a déclaré que cela permettrait de lutter contre le jeu excessif et de soutenir les personnes souffrant d’une addiction au jeu, soulignant et rappelant les dommages que le jeu peut causer et contre lesquels les experts mettent en garde depuis de nombreuses années.
M. Läänemets a affirmé avec force que les lois estoniennes sont actuellement trop souples :
Les personnes souffrant d’une dépendance au jeu n’arrivent généralement pas à rompre le cycle. Les familles sont brisées et les dommages causés par le jeu excessif peuvent être importants pour la société.
Ce ne sont pas les seules mesures que la nouvelle coalition prendra pour soutenir les joueurs. L’EER a également rapporté que le nouveau gouvernement espère renforcer les services de soutien aux personnes dépendantes et aider tous ceux qui sont directement et indirectement affectés par le jeu à sortir de situations difficiles.
Il y a également des préoccupations socio-économiques. Une clause fait référence à l’interdiction des publicités impliquant à la fois les jeux d’argent en ligne et les prêts sur salaire.
Tõnis Rüütel, directeur de l’Association estonienne des opérateurs de jeux (EHKL), s’est exprimé au nom des opérateurs de jeux d’argent estoniens. Il a commencé par expliquer que les opérateurs avaient respecté non seulement la législation existante, mais aussi les règles de l’Autorité de Protection des Consommateurs et de Réglementation Technique.
Il a également mis en avant que les opérateurs estoniens étaient tout à fait disposés à collaborer avec le ministère des Affaires Économiques et des Communications pour moderniser les lois sur la publicité.
L’Estonie est une nation très jeune et, en l’état actuel des choses, la législation qui cadre un secteur comme celui des jeux d’argent l’est tout autant. La légalisation des établissements de jeux d’argent remonte à moins de 30 ans et celle des opérations en ligne à 14 ans seulement. La croissance du marché, lui aussi très jeune, pourrait être déterminée par le degré de restriction ou d’assouplissement des nouvelles réglementations.
En l’état, la loi estonienne de 2008 sur la publicité est déjà très restrictive, mais elle est peut-être encore acceptable pour les opérateurs. Elle n’autorise qu’un nombre limité de lieux pour la publicité liée aux jeux d’argent, y compris, mais sans s’y limiter : aux locaux d’un établissement de jeu, dans les navires et avions internationaux, sur les bâtiments adjacents aux aéroports et aux ports, sur les sites de fournisseurs de jeux d’argent et dans les communications unidirectionnelles lors d’un abonnement. Par ailleurs, les loteries sont totalement exemptées de toute forme d’interdiction.
La publicité liée au secteur des jeux d’argent a encaissé plusieurs coups durs ces derniers temps, très probablement en raison des nombreux articles sur le jeu compulsif dans les médias d’information. Les grands opérateurs ont été condamnés à des amendes et les contrats de parrainage de maillots de sport impliquant des sociétés de jeux ont été annulés par toute une série de ligues sportives de premier plan. Si une nouvelle réglementation est adoptée par le gouvernement estonien, nous verrons très vite si l’interdiction générale entravera la capacité du pays à attirer des opérateurs de jeux sur ses côtes balkaniques.
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